Deux jours après le décès de Matisse, un adolescent de 15 ans, mortellement blessé à l’arme blanche dans une rixe à Châteauroux (Indre), samedi 27 avril, l’enquête continue. Le suspect principal du meurtre, un mineur afghan du même âge que la victime, et sa mère, doivent être déférés ce lundi 29 avril dans l’après-midi au pôle judiciaire criminel.
L’auteur présumé des faits avait été placé en garde à vue, samedi soir, quelques heures après les faits. Le jeune homme, bien connu de la justice, a déjà été mis en examen, le 22 avril dernier, dans une autre affaire pour « vol aggravé avec violence », a fait savoir Agnès Auboin, la procureure de la République de Châteauroux, qui a ouvert une enquête pour « tentative d’homicide volontaire ».
Sa mère, « soupçonnée d’être impliquée dans les faits », a elle aussi été placée en garde à vue, a ajouté la procureure. Les deux gardes à vue avaient été prolongées dimanche soir.
Que s’est-il passé ?
Samedi, dans l’après-midi, les deux adolescents, qui se connaissent, se trouvaient dans le quartier Saint-Denis avec d’autres jeunes. Ils auraient organisé à l’improviste une « battle » de rap freestyle, selon l’entourage du mis en cause.
Une bagarre aurait rapidement éclaté entre les deux adolescents, après des propos tenus par Matisse lors de son improvisation. Des témoins auraient évoqué des « propos racistes » tenus par Matisse, a fait savoir de son côté une source policière au Parisien, appelant à la prudence et rappelant le contexte d’une altercation dans la rue. Pendant la bagarre, Matisse aurait « pris le dessus » et aurait fait saigner l’autre adolescent.
Ce dernier serait remonté à son domicile, situé à quelques centaines de mètres, pour récupérer un couteau, avant de redescendre, suivi par sa mère. À ce moment-là, selon les témoins, Matisse se trouvait assis à l’arrière d’une voiture-épave, avec d’autres jeunes.
L’autre adolescent se serait dirigé vers le véhicule et aurait poignardé Matisse, à travers la fenêtre ouverte, de deux coups de couteau, dont l’un atteignant le cœur. La victime aurait ensuite reçu une gifle de la mère de l’adolescent soupçonné d’être l’auteur des coups mortel. Avant son geste, la mère du mis en cause, décrite par ses proches comme « vindicative » et « instable », n’aurait pas tenté de calmer son fils.
La victime se serait extraite du véhicule, aurait tenté de s’enfuir sur quelques mètres, avant de s’écrouler. Prévenus, les secours et les forces de l’ordre sont rapidement arrivés sur les lieux. Le jeune homme, qui présentait plusieurs plaies au thorax, a été pris en charge. Il a été transporté à l’hôpital avec un pronostic vital engagé. Il est décédé des suites de ses blessures, dans la soirée.
Le quartier Saint-Denis de Châteauroux est un « quartier résidentiel classique », a expliqué le maire de la ville, Gil Avérous, ce lundi sur Franceinfo. Selon lui, « ce n’est pas un quartier sur lequel on a l’habitude de faire des interpellations, ce n’est pas un quartier connu pour ses points de deal ».
Que sait-on de la victime ?
La victime, Matisse, est originaire de la commune de Châteauroux. Cet adolescent de 15 ans, qui n’a aucun antécédent judiciaire, est apprenti cuisinier. Ses parents, « Christophe et Cécile », tiennent un restaurant de la ville, a précisé l’édile de la ville.
« Il est issu d’une famille très connue, ce sont des restaurateurs renommés de Châteauroux. Christophe et Cécile (les parents de Matisse) sont très appréciés ici », a expliqué le maire de la commune sur BFMTV. L’adolescent « se prédestinait à suivre les traces de son père », a poursuivi l’édile, ajoutant : « Il avait commencé son apprentissage dans un autre restaurant de la ville. »
Une autopsie de la victime a été ordonnée par le parquet.
Où en est l’enquête ?
Peu de temps après les faits, vers 19h15, un adolescent de 15 ans, désigné par des témoins comme l’auteur des faits, a été interpellé près des lieux de la rixe. Le jeune homme, connu au traitement d’antécédents judiciaires (TAJ), a été placé en garde à vue.
Si le motif de la rixe n’était pas connu, ce lundi, une source proche de l’enquête a assuré auprès de l’AFP que cela « n’a rien à voir avec l’islamisme, il n’y a aucun caractère religieux ». Il s’agit d’une « bagarre de rue », a abondé une source judiciaire. À ce stade, il « n’y a pas de notion de guet-apens » dans la rixe qui a coûté la vie à Matisse, a précisé la procureure de la République au Parisien.
Une enquête est ouverte par le parquet de Châteauroux pour « tentative d’homicide volontaire ». Elle a été confiée au service interrégional de police judiciaire d’Orléans, cosaisi avec le service départemental de police judiciaire de Châteauroux. Une autopsie de la victime a été ordonnée par le parquet.
Que sait-on du suspect ?
L’adolescent de 15 ans soupçonné d’être l’auteur principal des faits est de nationalité afghane. Ses parents sont en situation régulière. Le garçon n’est pas inconnu des services de police et de justice. Le jeune homme, suivi psychologiquement, est décrit comme « fragile », par l’un de ses proches.
Il est déjà visé par deux procédures pénales, dont l’une pour des faits de vols aggravés avec violences, comme nous le révélions dimanche. La première affaire serait liée à un vol de portable sous la menace d’un couteau, dans le cadre d’un guet-apens tendu via « un site de rencontre ». L’intéressé a été mis en examen pour « vol aggravé avec violence » dans cette affaire, le 22 avril dernier, a révélé Le Parisien, ce dimanche 28 avril.
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« À l’issue de cette présentation devant le magistrat instructeur, le mineur était placé sous contrôle judiciaire, seule mesure de sûreté prévue par le Code de la Justice pénale des mineurs, pour un mineur de son âge sans condamnation antérieure et mis en examen pour des faits de nature correctionnelle » a précisé dans un communiqué Agnès Auboin.
D’après un témoin interrogé par un correspondant de l’AFP, ce mineur faisait partie d’un groupe d’agresseurs qui a sévi une semaine plus tôt dans un parc de Châteauroux et « qui avaient encerclé un homme de 22 ans » et l’avaient agressé. Ce témoin a dit avoir « accouru » et « filmé la scène » pour mettre un terme à cette agression.
L’adolescent est mis en cause pour une seconde affaire similaire, de « vol en réunion », survenue le 27 février. Il s’agit là aussi d’un vol de portable, sous la menace d’un couteau, mais aucune information judiciaire n’a été ouverte sur ces faits, selon nos informations.
De son côté, le maire de la ville affirme qu’il ne « connaissait pas la famille du mis en cause ». « C’est le troisième fait pour lequel il a été interpellé. Aujourd’hui, même s’il a moins de 16 ans, il ne faut pas prendre le risque de le remettre en liberté. De toute évidence, c’est un jeune qui est dangereux », a déclaré Gil Avérous, qui réclame une « peine exemplaire ».
Pourquoi la mère de l’adolescent a-t-elle été elle aussi placée en garde à vue ?
La mère de l’auteur présumé des faits a elle aussi été interpellée et placé en garde à vue. Des témoignages font état que cette femme, âgée de 37 ans et sans aucun antécédent judiciaire, pourrait « être impliquée dans les faits de violences survenus le 27 avril », a fait savoir Agnès Auboin.
« Compte tenu des raisons plausibles de soupçonner une participation », la mère de famille a été interpellée samedi soir, à 20h45. Elle était « présente au moment des faits », a fait savoir une source policière au Parisien.
Les circonstances et le mobile de cette agression mortelle restent encore à déterminer.
